Relecture de vie apostolique
Sr. Marie Thérèse Gaud, sa
Pendant 5 ans ma mission a été d’être économe du Vicariat Apostolique de Mongo ; une mission dans la gestion est souvent considérée comme austère et peu attrayante. Je dois reconnaitre que je n’ai jamais eu de difficultés à y donner du sens, persuadée que ce travail était la base indispensable de la mission que les autres vivaient. Sans aucune finance, l’essentiel des activités ecclésiales n’existerait pas. Cette mission dans la gestion m’a fait entrer profondément dans l’article 7 de nos Constitutions « aider à tout bien quel qu’il soit ».
Cette mission demandée par l’Evêque, confiée par l’Institut me rappelle que je suis envoyée. Il ne s’agit donc pas seulement de MON activité, mais les échanges communautaires et le rendre compte lors des visites annuelles de la Responsable ouvrent tout ce vécu à un droit de regard de la responsable de groupement et de la communauté.
En recevant cette mission je l’ai prise très au sérieux, l’article 53 des Constitutions indique que « nous accomplissons notre travail comme un service et en assumons les contraintes avec sérieux ».
Cette mission prend fin et je me prépare à prendre de la distance dans ce travail. Ce qui m’aide c’est la confiance que j’ai dans la grâce d’état : je crois que le Seigneur me donne ce qui est nécessaire pour remplir la mission qui m’est confiée mais qu’ensuite c’est le ou la suivante qui reçoit cette grâce. Car être envoyée, c’est aussi avoir conscience de n’être qu’un moyen. Et donc cela conduit à une certaine désappropriation, dépossession.
Des Constitutions N°95 : « En vue de notre mission, nous avons à cœur d’approfondir sans cesse notre vie de foi, de développer nos dons personnels, et d’évaluer nos attitudes à la lumière de l’Evangile, cherchant comment refléter dans notre agir l’esprit du Christ.
Pour remplir la mission qui m’est confiée, je me réfère souvent à une parole de la Genèse : « chacun porte des fruits selon son espèce », c’est avec ce que je suis que je dois remplir ma mission, je connais mes limites de compétences en gestion et cela m’a aidé à demander de l’aide et des conseils pour ne pas outrepasser mes capacités.
Cela m’a aidé aussi un peu modestement à vivre à la manière du Christ selon les moyens qu’Il a pris et le choix qu’Il a fait à travers les tentations, en fermant la porte à des actions d’éclat. Le découragement de temps en temps peut s’enraciner dans ce désir de succès plus évidents. J’essaie de rendre grâce pour les dons reçus qui permettent de vivre au jour le jour ; dynamisme, capacité à durer, à persévérer quelles que soient les difficultés, la monotonie et la lassitude. C’est dans cette capacité à tenir bon que je reconnais le Seigneur à l’œuvre dans ma vie. J’aime me souvenir de cette parole de Saint Augustin qui disait qu’à travers sa mission il n’accomplit pas un devoir, il s’acquitte d’une dette envers le Seigneur.
Une parole d’évangile m’interpelle souvent « ceux qui sont ensemencés dans les épines : ce sont ceux qui ont entendu la Parole, mais les soucis du monde, la séduction des richesses et les autres convoitises étouffent la Parole qui reste sans fruit » (Mc 4, 18-19). Je reste toujours surprise que les soucis étouffent la parole autant que les convoitises, les richesses. L’aspect qui m’interpelle ce n’est pas tout à fait les soucis qui pourraient m’obséder mais la manière dont je me sens toujours obligée de répondre à tous les besoins que je découvre alors que mes forces et mon rythme diminuent ce qui peut menacer mon équilibre personnel, ma capacité à accueillir les imprévus, les différences…
La prière, la lecture fréquente de grands témoins de l’évangile, me nourrissent et c’est à la paix et la consistance intérieure que je connais Jésus présent en moi (à l’opposé de l’inertie, d’un manque d’énergie et de gout vécus à certaines périodes).
Cette mission m’a permis de découvrir l’Eglise sous un certain angle avec ses générosités, ses engagements mais aussi avec ses limites, ses incohérences, cela m’oblige à grandir dans la foi en l’Eglise avec un grand E.